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lundi 29 mars 2010

travestisme et solitude

Je voudrais evoquer dans ce post l'une des conséquences du travestisme: la solitude.
Même si le travestisme fétichiste peut être partagé (un homme, une femme ou un autre travesti), le travestisme est souvent vécu comme une pratique solitaire.
Le travesti marié par exemple, avec ou sans le consentement de son épouse, essaie de se ménager des moments où il peut vivre son travesti en toute liberté et cela en devient un moment d'évasion, par rapport au rôle d'homme qu'il n'arrive à assumer.
Dans le film "crossdresser" sorti cette semaine, l'un des travesti avoue même que le fait de s'être séparé de sa copine lui a permis de développer la relation avec son double (il parle de la femme travestie qu'il incarne à la troisième personne).
En fait, le travesti cherche à revivre la relation fusionnelle qu'il entretenait avec sa mère dans son enfance. La mère exclut donc toute relation avec une personne tierce.
Pour le travesti hétérosexuel, il est difficile de rencontrer une partenaire qui acceptera que son homme se travestisse.
Le travestisme reste souvent un plaisir solitaire, qui à la longue peut mener à un certain isolement car même si internet montre à tout travesti qu'il n'est pas le seul au monde à vivre ainsi, peu osent encore sortir de chez eux.
Le travestisme n'est donc pas facile à vivre en ce debut de 21eme siecle. Certains travestis decident de vivre en permanence en femme. Mais pour ceux qui preferent garder egalement une vie masculine c'est un casse tête pour arriver à faire cohabiter les deux identités.
Voilà, je voulais lancer un début de réflexion sur travestisme et solitude, tous les commentaires sont, encore une fois, les bienvenus.

dimanche 28 mars 2010

L'absence de frustration

J'ai souvent constaté qu'en me travestissant j'aimais incarner une femme très maternelle.
Je pense que cela provient directement de l'attitude de "mère poule" de la mère du travesti, qui répond à toutes les sollicitations de son fils. Le fils ne connait pas la frustration, la frustration notamment de voir sa mère en préférer un autre (l'amant de la mère).
L'absence de frustration conduit à une relation fusionnelle mère fils où l'un complète les besoins de l'autres: pour la mère, son rôl de mère poule est très gratifiant puisqu'elle se sent indispensable pour son "petit bout" qui devient une extension d'elle meme, et pour le fils c'est evidemment agreable de n'avoir aucune frustration.
C'est donc à la mère d'initier la séparation en parlant de son désir pour le père, et surtout de sa préférence pour le père. Le fils doit sentir que la mère n'a pas envie de materner tout sa vie son enfant, et qu'elle a sa vie de femme avec son mari, et que celle ci prime avant tout.

Désir et manque

J'ai déjà évoqué l'importance de l'angoisse de castration dans l'explication du fetichisme et du travestisme fetichiste.
Le travesti ne percoit pas la femme comme "castrée" ou manquante, au contraire, la femme est complète et il incarne la femme complète, dotée d'un phallus. Tout le rituel du travestisme, vise à nier la castration de la femme.
Pour que la castration symbolique ait lieu, il faut que la mère elle même reconnaisse sa propre castration, en exprimant son désir pour le père ou un compagnon.
C'est ce désir exprimé qui va faire prendre conscience au fils, que sa mère n'est pas complète, qu'il ne peut combler le désir de la mère puisque celui ci est orienté vers une tierce personne.
Dès lors le fils cesse de croire en la relation fusionnelle originelle mère/fils et peut se développer par lui même.
Par l'existence du père en tant qu'objet du désir de la mère, le processus de séparation mère/fils peut avoir lieu.
Mais si la mère nie son désir et continue de répondre à toutes les attentes de son fils, la fusion continue et la séparation ne peut se faire.
Le travesti qui vit avec l'image inconsciente d'une mère non castrée, se soulage de l'angoisse de castration par le travestisme et dans le même temps se sent protégé par la mère "enveloppante".
Il y a donc un lien direct entre désir et manque, et c'est ce qui fonde le travestisme ou la séparation.